Memories of Retrocity

Chaque plaisir ayant ses préliminaires, je feuillette souvent un livre illustré avant de m’adonner à sa lecture. C’est lors de ce rapide examen que l’envie de lire survient et me convainc d’adopter l’ouvrage.

En l’espèce, lorsque j’ai parcouru Memories of Retrocity, j’ai été marqué par la beauté et la finesse du travail graphique. Comment peut-on ne pas avoir envie d’en savoir plus ?

Les illustrations sont magnifiques, j’apprécie notamment le jeu entre l’obscurité et la lumière. Cela nous permet aussi de nous immerger dans la ville Retrocity, de sentir sa froideur et de craindre ce qu’elle cache dans ses ombres. S’agissant des personnages, l’auteur Bastien Lecouffe-Deharme  utilise souvent des photographies pour base. Il explique aimer retravailler celles-ci pour « les faire basculer dans une autre réalité ». L’effet est réussi, cela rend les personnages plus vrais que nature, si j’ose dire.

S’agissant du scénario, je le trouve accrocheur ! Le héros est un ancien inspecteur de police qui après une sacrée bavure se voit muté à Retrocity, une ville isolée du monde et des consciences. Son accès demeure interdit depuis un demi-siècle et il y a un consensus politique mondial pour la cacher aux yeux du commun des mortels.

Les habitants de cette ville ont développé un virus hautement contagieux. Les symptômes vont de « l’attirance soudaine et grandissante pour un objet en particulier » à la fusion physique avec la chose.  Voici ce que dit un personnage au sujet du virus : « les scientifiques de la Corporation soutiennent que le virus est une manifestation de l’obsession humaine pour le matériel. Du désir de possession, de consommation, qui aurait tellement évolué qu’il en serait devenu mortel. »

Une critique imagée de la société de consommation qui dans cette histoire a envahi et perverti tous les domaines y compris celui du spirituel. En effet, cette ville a donné vie à une nouvelle religion. Ses fanatiques prônent la supériorité de la chose sur l’être, loue la solidité des matériaux artificiels, répugnent l’organique aussi fragile que périssable et rêvent de l’immortalité que procure la fusion avec un objet. Je n’en dis pas plus et vous laisse découvrir les pratiques peu catholiques des nones…

Pour couronner le tout, c’est une seule et même société qui fabrique tout ce qui peut être vendu : Hover. La nourriture est Hover, les parfums sont Hover, les téléviseurs sont Hover, les cigarettes sont Hover, le rhum est Hover… mais aussi des inventions incroyables au style retro-futuring/steampunk car la ville, coupée du monde, a évolué comme nulle autre et développé sa propre technologie.

La société Hover gouverne la vie des habitants, tous étant dépendants d’elle. On se demande dés lors qui tire les ficelles de cette mystérieuse structure ?

En bref, je vous conseille vivement cette œuvre. J’ai trouvé le récit particulièrement haletant et la fin à la hauteur de mes attentes. Le style narratif s’apparente à celui d’un journal de bord, ce qui permet, outre une introspection viscérale, de tisser un lien avec une machine à écrire qui ne manquera pas de vous surprendre.

« Le style est, pour l’œuvre d’art, ce que le sang est pour le corps humain ; il le développe, le nourrit, lui donne la force, la santé, la durée. »  (Viollet-le-Duc)

Et du style, Bastien Lecouffe-Deharme en a à revendre.


Publié

dans

par

Étiquettes :

Commentaires

2 réponses à “Memories of Retrocity”

  1. Avatar de Don Quishoote

    [ Sons of Retrocity : the Memories’s soundtrack ]
    >> http://www.roman-noir.com/memories-of-retrocity/soundtrack <<
    ( 5 extraits des 80min de bande-son avec acteur / order link )

    …derniers exemplaires CD disponibles !!

    1. Avatar de Tohril

      J’ai bien le CD Songs of RETROCITY. C’est du très beau travail ; la musique, les divers bruitages et la voix grave du héros nous immergent totalement. Le livre prend une nouvelle dimension !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *